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Des déchets plastique à la toile pour packaging…

Réduire sa consommation au quotidien est un pas vers un meilleur environnement, convertir les déchets en est un autre.

Quel rapport entre ces deux photos ?

Crédit photo Winter Company
Crédit photo Winter Company

C’est justement ce que j’aimerais vous faire découvrir… Amoureuse des papiers, tant industriels d’artisanaux, j’aime me tenir informée de ce qui existe. De tout ? C’est difficile, mais il y a peu de temps j’ai pris connaissance de la toile océan et surtout d’une démarche peu commune. Comment concilier activités commerciales (la production de papier) et la protection de l’environnement ? Pour répondre à cette question Winter Company a développé une gamme Wrup cycling.

Dans cette gamme de plusieurs papiers et toiles, j’aimerais vous parler de la toile Océan. Pour faire simple, la matière première pour faire la toile que vous avait sous les yeux, est issue des océans : les déchets plastique. C’est à partir du plastique des océans et également du plastique domestique que Winter Company a développé cette toile.

Crédit photo Winter Company

L’entreprise s’est associée à La société #tide spécialisée dans le recyclage du plastique lié à l’océan. Les pêcheurs qui ont du mal à vivre de la pêche, les poissons se font rares, sont employés pour pêcher les plastiques qui seront ensuite transformés en granulés à l’aide d’un procédé primé de mécanique et finalement filés. Ce fil deviendra ensuite la matière première pour faire la toile Océan. Voici une toile tissée à partir de déchets plastiques 100% recyclés et revêtue d’un enduit à base d’eau. Elle peut être imprimée en offset et sérigraphie et ennobli par marquage à chaud. Les applications idéales sont les habillages de livres, les emballages haut de gamme ou les articles de papeterie. La toile Océan convient également pour les étiquettes et les shopping bags.

Winter company indique que  pour chaque mètre de TOILE OCEAN vendu, 1% du chiffre d’affaires est reversé à des projets de protection de l’eau.

Il existe différents coloris et pour avoir un échantillon sous les yeux, les couleurs sont très belles et le toucher agréable.

Site de l’entreprise : WInter Company

Crédit photo Winter Company
Crédit photo Cyprienne Kemp

Dans le cadre de C’est mon patrimoine, j’ai eu le plaisir d’intervenir auprès de deux groupes de jeunes de la PJJ d’avril à juillet 2022. Les deux groupes des jeunes de Dunkerque ont visité des lieux du patrimoine dunkerquois : le Beffroi, la Halle aux sucres, les Archives, le LAAC, le Théâtre de la Licorne, le FRAC, le Fort des Dunes, la prison de Bourbourg et al BIB. Les neuf personnes de ces structures nous ont fait un bel accueil et transmis leur passion.

Comment se déroulait une journée ? Le matin, nous allions avec un des deux groupes visiter un lieu. Nous mangions ensemble, puis l’après-midi nous allions à l’atelier de la BIB créer un livre d’artiste collectivement.
Ils sont exposés à la BIB de Dunkerque jusqu’aux journées du patrimoine. En avril 2023, vous pourrez les retrouver au festival du livre d’artiste Motamo (La Louvière) puis deux semaines en Alsace.

Recto : les lieux visités mêlés aux lieux qui sont importants pour eux. Verso : des mots, des phrases de ce qu’ils souhaitaient transmettre des visites. De la gravure en relief a été abordée. Une première pour eux. Après sept visites et 18h d’atelier, deux livres de 50 cm de haut et presque 1.5m de long ont vu le jour et on peut s’apercevoir qu’à partir des mêmes visites, selon les choix que les jeunes faisaient, les livres sont différents.

Ci-dessous des photos de la restitution/exposition à la BIB le 8 juillet. Des ateliers étaient menés par les jeunes. Ils transmettaient les techniques qu’ils avaient employé.

Pour les 20 ans de l’association des éditeurs des Hauts-de-France,

il a été conçu un livre qui parle du livre, les coulisses de la création d’un livre.

Ces textes sont d’éditeurs, d’éditrices. J’ai écrit sur le mot illustrer, voici mon texte…

Les images dans l’édition, quelles sont-elles ? A quoi servent-elles ?

Je ne vais pas chercher à définir ce qu’est une image mais plutôt son rôle dans un livre et comment l’éditrice fera un choix plutôt qu’un autre. Il existe deux grandes catégories d’images dans l’édition : l’image fixe, destinée aux éditions papier et les images animées pour les éditions numériques. Je m’attarderai sur les images fixes ayant une édition de livres papier. Et oui je vous parlerai de la création pour les livres jeunesse puisqu’Obriart est spécialisé dans ce domaine. Mais le processus créatif est le même pour d’autres catégories d’images.

Si je devais vous faire une courte liste du type d’images que l’on retrouve dans un livre, ce serait celle-ci : 

  • l’image de la couverture, 
  • les dessins graphiques,
  • l’iconographie, 
  • l’image créative (illustration, bande dessinée, photographie, dessin) 
  • j’ajouterais la composition graphique (le mot devient visible plus que lisible, alors la composition de mots devient image).

Le livre incarne un propos. C’est une trace, un objet palpable qui véhicule des idées pour que le public s’en saisisse. L’éditrice, lorsqu’elle décide de faire un livre choisit bien entendu le texte mais également les images ; et dans le cas de figure des images créatives, elle choisira les artistes qui correspondront le mieux. Mais comment ? 

L’image est faite pour être vue, mais doit-elle être comprise ? J’entends par là, doit-elle forcément n’avoir qu’un seul niveau de lecture ? Eh bien cela dépend. Est-ce qu’elle informe ? Est-ce une copie brute de la réalité auquel cas, elle sert à illustrer un texte et n’a pas en soi de discours propre. Ou bien l’image a-t-elle plusieurs portes d’entrée, plusieurs sens de lecture ? Elle a alors son propre discours et pourra être en dialogue avec un texte. L’image a-t-elle un genre et doit-il y avoir une création par tranche d’âge ? Pour ma part, je ne le pense pas. Est-ce qu’un artiste des siècles derniers en peignant ses tableaux pensait à la destination de son œuvre ou bien, s’attardait-il plus au propos et comment le rendre visuellement ? Il me semble que chacun, peu importe son âge, voyait les tableaux et comprenait ce qu’il pouvait selon sa culture. 

L’image est une parole, un langage en soi, mais que sont les images sans leurs auteur.es.

Lorsqu’une personne est dans sa création, il.elle parle avec ses tripes, son langage, son vécu, en quelques mots ce qu’il.elle est. Parfois ce qu’il.elle va faire ne va pas être compréhensible par le public. C’est là où l’éditrice intervient. Non pas pour lisser, la personnalité de l’auteur.e qui doit toujours être présente, mais la rendre accessible pour une expérience de lecture. En tant qu’éditrices, nous avons une vision d’ensemble du projet. Nous sommes, selon moi, le trait d’union entre la création de l’auteur.e et le public. 

L’image créative est un langage en soi, c’est un propos qui peut vivre seul ou bien venir au regard d’un écrit.  Lorsque nous avons un projet éditorial, nous allons donc chercher la personnalité qui sied au projet. Alors commencera un travail entre l’auteur.e et nous. 

Je prendrai pour exemple le travail pour un album illustré. J’ai reçu le texte et l’ai découpé pour savoir quelle partie du texte ira sur quelle page. Je fais un chemin de fer (c’est une vue d’ensemble des pages qui composent le livre et cela fait penser à des rails) et je crée un rythme de doubles pages et de pages simples. Le texte sera mis au regard de chaque page. Le tout est donné à l’illustrateur.trice qui commencera par chercher les personnages en s’appuyant sur des indications qui ne sont pas écrites dans le texte. Par exemple, pour illustrer Andromède de l’album ‘Persée et Andromède’, l’auteure Anastasia Ortenzio m’avait fait savoir qu’Andromède voulait dire meneuse d’homme. Il allait donc de soi que ce personnage devait avoir du caractère et non pas l’image que tant de peintres ont pu dépeindre, c’est-à-dire celle d’une femme blanche lascive attendant son destin. Cette information, entre autres, a été donnée à l’illustratrice Camille Gonzalez pour qu’elle puisse construire le personnage.

Donc, la première étape est de trouver les personnages et des crayonnés sont faits. Après avoir été validés, l’illustrateur-trice fait un crayonné de l’histoire, de ce qu’il y aura à chaque page. Les couleurs, les matières, la technique, tout a été vu en amont. Ce travail est une forme de balisage pour éviter de faire recommencer. Alors commence la réalisation des images.

Pour ma part, je n’aime pas qu’un texte vienne se planter sur une image. Les deux parties doivent être réfléchies en amont également. Le texte doit s’imbriquer dans l’image, le tout en formant une nouvelle. Le choix de la typographie (le dessin de la lettre) permettra d’accentuer une émotion. Ce choix-là est important également. Tout élément d’un livre doit être pensé comme un tout pour mettre en valeur le travail des auteur.es et pour offrir un bel objet au lecteur afin qu’il vive une expérience de lecture. D’ailleurs, la première expérience visuelle d’un livre est celle de la couverture. Elle sert à la fois d’appel du pied, du genre ‘hé regarde-moi. Prends-moi dans les mains’ (n’oublions pas que nous voulons vendre le livre et qu’il sera parmi plein d’autres) et il doit donner quelques indices sur ce que l’on trouvera dedans sans tout dire. Pour ma part, je n’aime pas une couverture ‘mensongère’. Lorsque je prends dans les mains le livre à la couverture séduisante (de par l’image et le titre) qui par exemple serait en couleur et qu’en ouvrant le livre je me retrouve avec des pages en noir et blanc, je repose le livre. Une image en noir et blanc peut être tout aussi séduisante que celle en couleur. Certaines éditrices conçoivent une couverture comme image identifiable de leur maison d’édition plutôt qu’un choix de mise en valeur du travail que l’on trouvera dedans. Dans tous les cas, la couverture a un rôle à la fois commercial et de séduction.

Dans un livre, l’image et le texte sont en dialogue, l’un ne prime pas sur l’autre. Une image peut être très complexe à comprendre si nous n’en avons pas les codes. Pour exemple, les tableaux de natures mortes des siècles derniers qui regorgent de symboles et de second degré qu’il nous serait difficile de comprendre aujourd’hui sans une personne qui nous les explique.

Vous l’aurez compris, l’image est pour moi primordiale et je ne la vois pas comme une sous-catégorie mais bien un langage en soi qui sera sublimé par la personnalité et la culture de son auteur.e.

Cyprienne Kemp

Nota bene : lorsque j’écris éditrice, j’inclue bien évidemment les éditeurs.

Pour lire l’ensemble du livre, voici le lien

Je viens de réactualiser le book en ligne. Pour y jeter un oeil, c’est par ici.

Une belle journée !

Cette période demande beaucoup d’adaptation et de souplesse ! Les commissaires de l’exposition ‘Design, please do so’ se sont prêtés au jeu et ont mis en place un parcours phygital de l’exposition. A vous d’expérimenter le parcours virtuel et interactif de l’exposition ! Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, l’exposition est prolongée au sein de musée jusqu’au 7 mars ! Il sera possible alors de voir en VRAI le travail de nombreux designers.

Photographie d’un de mes livres exposés ‘Silence bleu’, © Virginie Pollet, Ville de Tourcoing

MUba 2 Rue Paul Doumer à Tourcoing

Vendredi, un cadeau m’attendait dans la boîte aux lettres.

Ce qui est bien lorsque l’on travaille dans l’édition, c’est que l’on découvre toujours de nouvelles choses, de nouvelles sociétés ou de nouveaux procédés.

Parfois on fait des recherches pour les trouver et parfois les informations viennent à nous directement.

Vendredi, un cadeau m’attendait dans la boîte aux lettres. Une enveloppe dans laquelle je découvre le magazine le singe et l’ours d’une imprimerie française, les Deux ponts est une imprimerie familiale qui existe depuis 1935, par ce magazine elle montre son savoir-faire et également ses coups de cœur. Les amoureux du papier, des techniques d’ennoblissement seront aux anges, car lorsque j’ai reçu l’enveloppe cartonnée, le toucher était déjà très engageant et me donnait envie de l’ouvrir. J’y découvre un magazine à la couverture flashy qui à la lumière artificielle change pour un marquage holographique. Ce magazine se compose en partie d’articles divers (gastronomique, artistique, tourisme…) et également d’articles autour du savoir-faire de l’imprimerie.

Le magazine que j’ai en main est le numéro 1, pour vous abonner suivez le lien instagram Merci les Deux ponts pour cette belle découverte et ce beau cadeau.

J’avais prévu avant le confinement d’aller visiter une imprimerie, les Deux ponts m’ont donné envie d’aller également à leur rencontre.

Il m’a fallu un peu de temps avant d’écrire cet article. Car à la fois je devais m’en dégager pour le faire et également parce que je cherchais l’angle sous lequel je voulais l’écrire. Au-delà de la beauté des lieux et des machines, celle du geste et du savoir-faire ancestral qui se transmet de génération en génération depuis Gutenberg ; je voulais aussi parler d’un facteur qui est peu évoqué, peut-être mis de côté à notre époque et qui pourtant est très important : le temps. Le temps qu’il faut pour apprendre le geste, le temps que cela prend de faire des choses manuelles bien réalisées et également ce temps qui passe et qui nous amènera à un moment où tout ce savoir-faire sera perdu car les postes ne seront renouvelés, les savoirs, ô combien précieux, ne seront pas transmis, car à l’échelle actuelle de la rentabilité, ce savoir qui prône la lenteur comme facteur de qualité n’a pas sa place dans notre économie. Je pense que c’est au contraire, une valeur au-delà de toutes valeurs liées à l’argent, une richesse qui ne doit pas se perdre. Heureusement, que ce genre d’atelier existe encore, tel des résistants aux contraintes imposées, qui propose la beauté plutôt que la consommation.

D’un moment agréable à un autre moment qui l’est tout autant

Comment je me suis retrouvée à l’atelier de l’Imprimerie Nationale ? Assez simplement en réalité. Je vais à une soirée d’une amie où je ne connaissais personne et un verre à la main je me dirige vers une artiste dont je connaissais le travail mais nous n’avions jamais vraiment discuté ensemble. Nous échangeons et à un moment elle me dit ‘Cyprienne, as-tu été à l’Imprimerie Nationale ?’, j’avoue que non et elle me propose d’y aller ensemble. Nous nous y sommes rendues ce mercredi. Sachez que vous n’avez pas besoin de vous rendre chez mon amie pour avoir l’opportunité de visiter l’atelier de l’Imprimerie Nationale, il vous suffit d’aller sur leur site. Voici le lien.

Mercredi, nous voilà à l’Imprimerie et après avoir passé plusieurs sas de sécurité nous arrivons dans une grande salle haute de plafond avec des machines anciennes sous nos yeux. MAGNIFIQUE ! La visite commence de manière chronologique : la création des lettres typographiques (photos 1-3). Imaginez des personnes assises aux établis qui s’occupent de faire une lettre en plusieurs étapes : le dessin de la lettre, la création du transfert, pour ensuite graver la lettre dans la matière. C’est fini ? Non c’est la première étape. La lettre obtenue est frappée dans une autre matière et cela servira de moulage pour couler la pièce qui sera utilisée sur les machines. Voici le travail pour une lettre, une taille (on dit normalement le corps de la lettre). Imaginez maintenant ces opérations répétées pour chaque lettre de l’alphabet et chaque taille… Combien étaient-ils en atelier pour le réaliser ? 2 à 3 personnes.

Nous avons vu les machines traditionnelles, celles où il faut placer les lettres une par une pour former la ligne, puis le texte. J’aimerais vous parler d’une machine dont je ne connaissais même pas l’existence : la monotype (photos 4-6). Qu’est-ce donc ? Comment fonctionne-elle ? La monotype, c’est une machine de composition d’imprimerie entre la typographie manuelle (celle que l’on connaît) et la photocomposition (que l’on utilise de nos jours). Première étape, la personne se place devant le clavier de composition de cette machine qui ressemble à une machine à écrire (photo 4). Elle créée alors une bande perforée qui sera insérée dans la monotype (photo 5). La deuxième étape (et toutes les autres) se passe dans la machine monotype (photo 6). La bande perforée est placée. Dans la machine, il y a un réservoir de plomb avec lequel les caractères étaient créés pour ce texte et seront à usage ‘unique’. Une fois la page imprimée, la matière retournera dans le réservoir, le plomb sera fondu puis sera réutilisé pour une prochaine page. Les caractères étaient placés en ligne, puis en bloc pour l’impression (photo 6). L’impression pouvait se faire. Ce type de machine permettait d’imprimer plus vite tout en gardant une qualité proche de l’impression typographique classique. Je suis en admiration de cette machine tout-en-un, je suis admirative de ces cerveaux qui ont imaginé et réalisé ce genre de machine ! La monotype a été inventée en 1887 par l’ingénieur américain Tolbert Lanston.

Notre visite continue et nous arrivons dans les couloirs du stockage des caractères, ceux réalisés à la main (photo 8-10). Même le bois des casses patiné par le temps est beau, le papier jauni… Cela me projette à une époque où le temps a une valeur tout autre. J’entends la concentration des personnes, le bruit des machines, l’odeur de l’encre d’imprimerie. Je vois le mouvement maitrisé des imprimeurs et celui des feuilles placées sur les machines puis retirées une fois imprimées…

Nous avons vu beaucoup de choses encore et avons eu la chance d’avoir des explications de professionnels passionnés. Je me suis sentie privilégiée. Je me sens privilégiée lorsque je vis ce genre de moment et un peu plus riche qu’hier. Je vous invite à vous y rendre, d’entrer dans ce temps suspendu. Profitons-en tant que l’atelier est encore là, qu’il reste encore des professionnels, car il semblerait que la relève ne soit pas là.

Guettez également la prochaine exposition en 2021 à l’école d’art de Douai, car des livres imprimés à l’atelier de l’Imprimerie Nationale y seront exposés.

Machine de calibrage pour vérifier la bonne hauteur des caractères ou des feuilles

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Aujourd’hui, je suis allée chez l’imprimeur en Belgique pour le BÂT papier du prochain livre jeunesse que j’édite chez Obriart : ‘Là-bas’ de Cécile Metzger. Un leporello (livre accordéon) de toute beauté. Une poésie visuelle à déplier et à poser où on le souhaite.

Avant d’avoir un livre imprimé et façonné entre les mains, il y a plusieurs étapes de travail. Je vous brosse les grandes lignes. Tout commence avec l’idée qui germe dans la tête de l’auteure qui écrira l’histoire et dessinera mais avant de finaliser tous les dessins et les textes, l’éditrice jette son regard sur son travail. Je pense mon travail comme être le trait d’union entre la création (tout ce qui peut sortir des tripes de l’auteure) et le public. Je vais alors travailler avec l’auteure en ce sens. Il y a des allers et retours entre nous, des discussions sur des choix… Pour arriver à une histoire et les dessins finalisés. Je choisis le papier sur lequel va être imprimer le livre et l’imprimeur. L’auteure m’envoie ses fichiers finalisés avec lesquels je fais la maquette du livre. Après avoir fait plusieurs vérifications, j’envoie les fichiers à l’imprimeur. Et arrive le moment, où je me rends à l’imprimerie pour vérifier l’impression et valider, on appelle çà le BÂT papier.

Je disais lorsque j’enseignais aux étudiants en école d’arts graphiques de considérer les imprimeurs comme des partenaires et non des exécutants et également d’être curieux de leur travail. Régulièrement, je vais visiter des imprimeries pour savoir comment cela fonctionne, voir les nouveautés. Les imprimeurs avec lesquels je travaille savent combien j’aime les papiers et me tiennent au courant des nouveautés… Et il y a des moments cadeaux comme aujourd’hui, lorsque l’imprimeur me propose de rester lors des changements de plaques si je le souhaite (normalement, on attend dans une pièce à part et on nous appelle lorsque c’est fait).

J’ai pu alors vous faire ces photos. Le conducteur de la machine m’a expliqué le process entre deux changements de plaques. Je l’ai vu prendre une paire de ciseau pour couper au niveau des traits de coupe afin de s’assurer que le recto et le verso étaient bien calés. Il m’a expliqué comment leur ordinateur ‘gestion des couleurs’ se programme seul d’après les premiers réglages qu’il a fait pour la première partie du leporello…. Bref, tout ce qu’il se passe en coulisse lors de l’impression et je trouve que c’est un beau cadeau qu’il m’a fait et je voulais le partager avec vous.

‘Là-bas’ est imprimé en offset (la grosse machine que vous voyez sur la 4eme photo), machine qui est conduite par une personne grâce un super ordinateur (2ème photo de la première ligne). Ce livre est imprimé en CMJN (Cyan, Majenta, Jaune et noir) et on fait une plaque pour chaque couleur. C’est la superposition de ces 4 passages couleurs (à des pourcentages différents) qui vous donnera le résultat final. La dernière ligne de photo vous montre 3 plaques encrées de la première partie du leporello. Elles ont fait leur travail et vont laisser place aux plaques de la seconde partie du leporello. Il faut donc imaginer une feuille qui part d’un bout de la machine et qui arrivera de l’autre côté après avoir été ‘tamponnée’ 4 fois au même endroit, 4 couches de couleur qui donneront au final ce que vous voyez sur la 3ème photo. C’est fou de voir une si grosse machine produire quelque chose de si délicat !

A présent, j’ai validé le BÂT, les feuilles sont imprimées recto-verso. Il va falloir les plier, coller les deux parties du leporello ensemble et cette dernière partie se fait manuellement. Oui, vous avez bien lu. Ce sont des personnes qui vont coller les deux parties du leporello pour n’en faire qu’un…. Non pas une fois, mais 1000 !

Lorsque je vous dis qu’Obriart vous propose des bijoux éditoriaux.

Le livre est un espace qui donne corps à des pensées. C’est également un objet qui peut être revu totalement dans sa forme pour qu’il fasse sens avec le propos. Les livres popup ‘Promenons-nous dans les bois’ et ‘Une histoire de bois’ (en photos) ont été conçus comme une scène théâtrale qui se déploie. Les mots ne sont pas posés. La lumière est cruciale. Elle indique visuellement une sensation d’un moment qui peut être dramatique ou innocent, selon l’intensité lumineuse. Il y a alors une interaction entre la lumière réelle et la scène fixe en papier. Une interaction éphémère et changeante provoquée par le lecteur.

Le popup ‘Une histoire de bois’ a été créé pour un atelier qui aura lieu à la bibliothèque de Mons-en-Baroeul le 31 octobre 2020, inspiré par mon livre ‘Promenons-nous dans les bois’. Si mon livre parle du moment où tout bascule pour le chaperon rouge lorsqu’elle va faire un choix plutôt qu’un autre, c’est l’histoire du petit Poucet qui a été choisie pour ‘Une histoire de bois’. Lorsque je prépare un atelier, je fais toujours un blanco du livre qui sera fait, comme en édition. Cela me permet de voir les étapes de travail et de préparer mes explications. Ici vous voyez le livre blanc, mais imaginez-le avec les interventions graphiques et colorées des participants de l’atelier…